Le superpouvoir du papillon bogong qui arrive à se guider grâce aux étoiles sur 1 000 km

De: LibérationPublié le: 19 juin 2025

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Selon une étude publiée dans la revue «Nature», la capacité de l’insecte australien d’utiliser le ciel comme boussole pour son périple reproductif n’avait jusqu’alors été observée que chez les humains et certains oiseaux.

Par Libération

Un papillon de nuit bogong, en janvier 2014
Un papillon de nuit bogong, en janvier 2014. (Ajay Narendra /Macquarie University.AFP)

Qui a besoin d’un GPS ? Le papillon bogong utilise le guidage astronomique pour accomplir son périple reproductif à travers l’Australie, démontre une étude publiée par la revue Nature mercredi 18 juin. Une capacité à se repérer grâce aux étoiles jusqu’ici seulement observée chez les humains et certaines espèces d’oiseaux migrateurs.

Cet insecte brun d’environ 4 cm, de son nom scientifique Agrotis infusa, effectue de gigantesques migrations nocturnes deux fois par an. A l’automne, il quitte le sud du pays où il est né et s’élance en direction des grottes fraîches des Alpes australiennes, à près de 1 000 km de distance, pour passer les mois de l’été austral au frais. Au printemps, il redescend vers les prairies du sud-est de l’Australie, plus accueillantes, pour pondre.

«Simulateur de vol»

Pour accomplir ce périple, le papillon bogong «utilise le ciel étoilé comme boussole», explique la publication scientifique, menée à l’université suédoise de Lund, sous la direction d’Eric Warrant, biologiste sensoriel australien.

Pour parvenir à cette conclusion, des spécimens ont été placés dans un «simulateur de vol» dépourvu de champ magnétique mais sous une reproduction réaliste du ciel nocturne australien. Les chercheurs ont alors observé que les insectes se dirigeaient dans la bonne direction pour réaliser leur migration. Idem en inversant la représentation stellaire de 180°.

Dans le même temps, des papillons bogong à qui était présenté un champ d’étoile aléatoire, sans la représentation de la Voie lactée, volaient en tous sens car désorientés.

Après cette observation, les scientifiques ont approfondi leurs travaux en étudiant les neurones de ces insectes. Ils ont alors «identifié des cellules nerveuses spécifiques qui s’activent» lorsque ces voyageurs sont dirigés vers ce qui semble être la direction de leur migration par rapport aux étoiles qui leur sont présentées.

Nourriture pour les aborigènes

Une aide précieuse pour les papillons bogong, en compagnie d’autres outils – position de la Lune, champs magnétiques, odeurs… –, pour les aider à s’orienter pendant leurs longues semaines de migration.

Par le passé, des tribus aborigènes avaient pour habitude de se rassembler à proximité des grottes où affluaient des milliards de ces insectes, qui représentaient une importante source de nourriture.

Les papillons bogong, considérés comme une espèce en danger, ont été placés depuis 2021 sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ils subissent les effets de la pollution lumineuse des villes humaines, du réchauffement climatique ainsi que de l’utilisation des produits phytosanitaires.

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